Jean Clément Texier, un des meilleur expert du financement des médias était l'invité de l'Observatoire des médias - OMUP - le 7 février
Pour Jean-Clément Texier la crise de la presse est réelle. Aux
Etats-Unis les entreprises de presse ont perdu de 80 à 90 % de leur valeur « La presse n’est plus en solde, elle
est en liquidation ! ».
Le salut viendra-t-il du numérique ? Certains peuvent le penser, mais le modèle économique
est différent. La valeur de la publicité est 10 fois moindre sur Internet. Les
capacités d’investissement ne sont pas suffisantes. En Suisse un groupe comme
Rungier avec plus de 1 milliard de chiffre d’affaires est plus important que le
1er groupe français. Le Temps quotidien à Genève, dégage 8% de
rendement. La presse française de son
côté est largement subventionnée : Le Monde par exemple, bénéficie de 40
millions d’euros d’aide. « Il y a
de l’acharnement thérapeutique dans le presse française ». Médiapart
est en positif, car il ne payait pas la
TVA au taux légal : ce taux pour les purs players – également
subventionnés - vient d’être aligné sur celui
de la presse écrite, et l’Etat va sans doute passer l’éponge sur les dettes
fiscales de Médiapart et Arrêt sur images.
Les solutions possibles sont dans l’évolution des
contenus : « Un rédacteur en chef doit devenir un directeur d’usine à
contenu »
1 – Avec l’info en continue,
il est inéluctable que le papier recule.
2 – Une adaptabilité plus
grande est nécessaire, des quotidiens peuvent évoluer vers le week-end ;
une presse chère peut trouver sa place.
3 – La demande se parcellise.
Les jeunes par exemple, recherchent des services à la carte. Il y a aussi une
demande de qualité, de confiance, aux producteurs de contenu qui respectent les
critères déontologiques.
Cela étant ce serait une erreur de considérer que l’écrit n’a
plus d’avenir. La presse écrite représente un C.A. de 10 milliards, le
livre 6 milliards, soit au total un C.A. équivalent à celui de la production
audiovisuelle. Mais « Google
pourrait racheter tous nos médias ».
Nous sommes à la veille d’une
conversion fondamentale, mais la France est confrontée à deux difficultés.
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les
« papivores » qui ont fait la réputation de la presse française (Hersant, Jean-Marie Messier, Lagardère, et surtout
le « Citizen khan » français, Jean Prouvost), ne sont plus là ou
se sont retirés du secteur. Des erreurs stratégiques sont commises comme la
vente du Bon Coin par Ouest-France, alors que ce site connaît une progression
énorme sur Internet (2e site consulté après facebook !).
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La formation
des journalistes français est « trop intellectuelle » et
leur culture économique insuffisante.
Le journaliste français ne se considère pas comme membre d’une entreprise.
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Les journaux,
les news magazines (L’Express, Nouvel
Obs, Le Point…) qui à l’origine et pendant longtemps étaient des acteurs
sociaux ( cf. Guerre d’Algérie, réformes sociétales) sont à cours de projet.
Ils sont dans le conformisme du discours ambiant.
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